Se taire, là, maintenant, ce serait se rendre complice d’une situation politique avec laquelle nous ne sommes absolument pas d’accord.
Nous affichons notre solidarité avec tous.tes les manifestant.e.s qui seront à Bruxelles ce 14 octobre contre le gouvernement « Arizona » qui est en train de réaliser une véritable casse sociale.
Ici, à La Zone, ça fait très longtemps qu’on porte au travers de nos projets culturels et artistiques des principes issus du mouvement punk qui ont pour point commun de prendre la défense des minorités. Le mouvement punk, c’est aussi un refus de l’approche néolibérale de tous les aspects de notre vie. Tout n’est pas à vendre, tout ne peut pas s’acheter. On peut faire beaucoup avec peu et on a le droit d’exister même hors des cases dans lesquelles on aimerait nous mettre.
Non, le problème, ce n’est pas la personne musulmane ou sa religion, celle en migration à la recherche d’une vie meilleure, la personne queer, celle qui se retrouve en arrêt maladie suite à un événement imprévisible ou celle qui a perdu son travail du jour au lendemain et qui touche de quoi survivre dans un monde où tout coûte trop cher et où le travail est rare.
Le vrai problème, c’est de tenter de soigner les maux qui sont créés par le capitalisme par…plus de capitalisme. Ça fait déjà longtemps que la machine s’est enrayée avec toute la violence (exemple : un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en Belgique) et les morts qu’elle crée sur son chemin.
Dépenser 34 milliards d’euros dans l’armement (ces sous sortent tout droit de nos portefeuilles) tout en saignant absolument tous les pans de la société qui s’avèrent essentiels et tournés vers l’humain, c’est inacceptable et injuste. Faire des économies de bout de chandelle (à l’échelon national) tout en maintenant bien à l’abri les plus nantis et celles et ceux qui auraient les moyens de partager un (tout petit) peu de leurs richesses, c’est un pur scandale. Ne pas s’attaquer à l’évasion fiscale (30 milliards d’euros chaque année) tout en pointant les « abus » (qui n’existent même pas réellement..) des plus pauvres, c’est fermer les yeux volontairement sur des solutions financières qui existent.
Cette situation est, comme l’Histoire nous l’a enseigné, un terrain fertile pour les idées nauséabondes d’extrême-droite qui n’apportent aucune solution et jouent uniquement sur les peurs des gens avec un objectif de « politique politicienne » (se faire réélire en ayant une vision à court terme, par appât du gain, par soif de pouvoir ou pour soulager de sérieux problèmes d’ego. Mais sûrement pas dans l’intérêt général).
Ces gens au dessus de nos têtes ne pensent plus au bien-être collectif depuis bien longtemps. Ils se maintiennent entre eux à un certain niveau de pouvoir tout en faisant en sorte que la société se divise.
Une chose est sûre, ces gens qui vantent en permanence le « mérite » et la possibilité pour chacun de s’en sortir financièrement en y mettant du sien sont en train de créer un monde pour demain totalement inégalitaire et profondément injuste dans lequel seuls les détenteurs d’une grosse somme de privilèges pourront s’en sortir. Tant pis pour les autres. Tant pis pour la majorité des gens.
À La Zone et sur bientôt 40 ans d’existence, on a déjà affronté quelques tempêtes. Mais celle qui arrive s’annonce être un défi de taille, autant d’un point de vue financier qu’au niveau de la défense des valeurs qui nous sont chères. Les subventions se font rares ou sont insuffisantes, le dispositif APE est remis en question et les subventions liées à l’emploi diminuent à un tel point que cela grève nos finances. Au delà de ça, les idées d’extrême droite se banalisent, sont soutenues par certains politiciens et font ressentir une forme de légitimité aux personnes qui expriment publiquement leur haine de l’autre.
On sait aussi ce qui se trame derrière cette mise en péril de l’exercice de nos missions (qui sont pourtant primordiales pour des centaines de personnes qui gravitent autour de notre lieu), c’est au bout du compte finir par nous dire que nous ne sommes pas en capacité de mener ces missions à bien. Si on nous prive de moyens de fonctionner (et croyez-nous, il nous en faut peu), cela ne signifie pas que nous sommes inutiles ou inefficaces, cela signifie juste qu’on aura pris la décision délibérée de nous faire couler.
Bref, il y a tellement à dire qu’il est parfois difficile de s’exprimer par rapport à une telle forme de violence sociale et un recul aussi prononcé de droits durement acquis à la suite de luttes sociales.
Nous souhaitons toutefois redire à quel point nous ne sommes pas d’accord avec ce qui est en train de se passer. Nous continuerons à lutter contre l’obscurantisme, le rejet de l’autre et la stratégie des boucs émissaires. Nous continuerons à créer des ponts entre les gens. Nous continuerons à porter haut et fort les projets culturels et artistiques qui visent à défendre l’humanisme. Nous continuerons d’accompagner celles et ceux que la société rejette en les aidant à se faire une place. Nous continuerons de penser que le problème, ce n’est pas les pauvres mais la pauvreté.
Nous nous battrons pour un monde plus juste. Et nous ne sommes pas seuls.